À une telle heure, même si nous ne pouvions voir la voûte céleste dans l'Underground, il devait être tard. Très tard. C'est pourquoi, bon nombre des habitants du village étaient lovés contre leurs oreillers, confortablement installés sous leurs draps – ils dormaient, peut-être. Encore est-il, certains noctambules continuaient d'errer çà et là, pour diverses raisons. Que ce soit parce qu'ils sont trop nerveux ou qu'ils devaient commencer à travailler, maintenant, toi, c'était pour une toute autre raison : tu n'arrivais pas à dormir et, pourtant, tu étais calme, très calme. C'était rare que dormes, d'ailleurs.

Ainsi, à moins que tu ne sois trop fatiguée pour concilier le sommeil, tu te voyais incapable de rejoindre le monde des songes. C'est pourquoi, tu errais dans les allées de Snowdin. Grillby's était toujours ouvert, tu aurais sûrement pu aller t'y tapir pour boire quelque chose de chaud et de sucré mais… tu n'avais pas faim, non plus. Aujourd'hui, tu ne savais pas ce que tu avais mais tu étais plutôt démotivée. Était-ce de la dépression, Amy ? Non. Certainement pas. Nop. Tu avais peut-être trop de choses en tête mais, quoi qu'il en soit, tu avais besoin de te dépayser un peu. De voyager, voir du monde et connaître des gens ! Devrais-tu aller à Waterfall, maintenant ? Non, pas maintenant. Plus tard ou demain, peut-être. Peut-être Hotland ? Nop. Pas pour l'instant. Il faisait trop chaud, là bas, et tu n'avais rien à faire…

Un long soupir se fraya chemin entre tes lèvres.
Dans le silence, tu entendis les craquement de la neige sous des petits pattes – tu te tournas : un monstre félin de petite taille partit en vitesse, sortant d'entre deux maisons. Il avait eu peur de chose… de quelqu'un, plutôt. En effet, une jeune garçon se trouvait devant, adossé contre un mur – une ombrelle rose à la main. Il tremblait, la main posée sur son torse : le pauvre félin avait certainement eu plus peur que lui. Tu esquissas un léger sourire mais tu ne te moquais point de lui. Non. Tu n'avais jamais vu cet adolescent à Snowdin et, pourtant, ça faisait bien une trentaine d'années que tu y habitais – tu étais née dans le coin, après tout. Inquiète et curieuse au sujet du petit brun, tu optas pour t'en approcher. Tu étais silencieuse, trop, même. On pouvait seulement t'entendre arriver par les bruits sourds que provoquaient tes sur la poudreuse.

Pourquoi était-il dehors à une telle heure ?
Afin de ne pas l'effrayer, tu demeuras à quelques mètres de lui, les mains jointes au niveau de ton ventre comme l'aurait une aristocrate, sans doutes. Tu l'observas un court instant avant d'esquisser un doux sourire à son attention – accompagné d'un petit signe de tête, en guise de salut. Après quelques instants de silence, tu daignas de prendre la parole d'une voix aussi suave que d'habitude – presque maternelle :

— C'est dangereux d'erreur seul à des heures aussi tardives, jeune homme. lui soufflas-tu, sans perdre le sourire. Je ne vous avais jamais vu auparavant… Puis-je vous être utile d'une quelconque façon, uh ? Êtes vous un itinérant à la recherche de quelque endroit où se reposer et où se réfugier du froid régional ?

Le garçon réagit brusquement dès qu'il entendit ta voix, brandissant ainsi son ombrelle contre toi. Tu haussas légèrement les sourcils, le regardant faire sans perdre le sourire. Le pauvre… tu l'avais fait sursauter. Il avait peur et c'était normal, même s'il ne te craignait pas toi, concrètement. Au vu de l'heure et de l'endroit où il était allé se nicher, avec la hausse de criminalité et tout cela, c'était tout à fait normal qu'il soit effrayé, cet enfant. Lorsqu'il parvint à t'identifier, il se détendit légèrement, regrettant même d'avoir réagi de la sorte.

— N-navré, je. J'ai eu peur… Je suis vraiment désolé ! s'excusa-t-il, la voix tremblante.

Ton sourire s'élargit en le voyant se gratter la tête – visiblement gêné.
Il était adorable, ce jeunot. Tu lui adressas un vague geste de main afin de le rassurer, de lui dire silencieusement que ce n'était pas grave – qu'il n'avait pas besoin de s'excuser. Après tout, n'était-ce pas toi qui l'avais abordé dans un endroit sombre et sans prévenir ? Esquissant un petit sourire, maladroit, il posa son ombrelle sur l'une de ses épaules tout en jouant avec le manche – nerveux ; il baissa aussitôt le regard, fixant ses pieds.

— J-Je sais bien que c'est dangereux… Je pensais que le soir les monstres ne sortaient plus ! rétorqua-t-il, ensuite – il semblait mal à l'aise. Ah ben ça… il confondait les humains avec les monstres, cet adolescent. J-Je cherche un endroit ou il n'y a pas de monstres… est-ce que cela existe ici ?

Il avait peur des monstres, uh ?
Tu fermas les yeux pendant un court instant avant de secouer légèrement la tête : il n'y avait aucun endroit où il n'y en ait pas, des monstres. Après tout, c'était votre maison, l'endroit où vous étiez nés – autant les monstres comme les hybrides. Ce serait ironique qu'il n'y ait pas un seul monstre quelque part. Il pouvait peut-être y avoir des villages improvisés, des sortes de campements pour les réfugiés humains sans que tu le saches – c'était très probable même mais, toi, tu ne le savais pas.

— Vous m'en voyez navrée, jeune homme mais… à ce que je sache, il n'y a point d'endroits du genre en ces lieux. Peut-être ailleurs mais, n'oubliez pas que c'est l'Underground. Ce ne serait guère logique qu'il n'y ait point de monstres à quelque endroit qui soit. répondis-tu à ton cadet. Si vous demandez une chambre à l'auberge, personne ne s'y faufilera – hormis vous. Ceci dit, l'auberge peut s'avérer chère pour certaines personnes… Si vous le souhaitez ou que vous n'en avez pas les moyens, je peux vous proposer de vous reposer dans mon humble demeure. Nous avons une chambre libre et vous serez en sécurité. ajoutas-tu, marquant une courte pause, regardant le brunet dans les yeux. Tu n'habitais pas seule, non. Tu habitais chez tes parents adoptifs, des furries lapin, des monstres mais ils étaient accueillants et gentils. Feraient-ils quand même peur à ce garçon ? Va savoir. Mais… dites, aimez-vous les animaux ? Les lapins, plus concrètement.

Ta façon d'agir était presque maternelle, même si tu ne connaissais pas cet adolescent.
Tu te montrais polie et relativement proche de lui sans pour autant être familière – simple question de respect. Mais, lui, comment réagira-t-il par la suite ? Acceptera-t-il ta proposition ou la déclinera-t-il ? Tu avais l'air humaine, si on omettait la couleur inusuelle de tes yeux et ta température corporelle très basse. Tu étais humaine, en partie, après tout. Tu étais métisse… Te craindrait-il, également, s'il venait à apprendre que tu étais partiellement un monstre ?