« Le mini-truc »

Vous voulez savoir à quoi je ressemble, hein ? Pour ça faudrait déjà que vous regardiez en bas, hein, sinon vous allez jamais me voir. Ah, c'est déjà mieux. Houhou, je suis sur la fleur là ! Aah, vous pouvez enfin m'admirer. Petite comme je suis, je dois faire 30 cm de long, voir un peu plus mais c'est tout. J'ai un haut de corps de femme avec une peau toute blanche, mais avec tout en miniature. Une petite tête, un petit ventre, des petits seins... Tout en petit ! Je vous dis pas comment trouver un mâle avec ça... ah... Bref ! En dessous de mon nombril, j'ai mes écailles qui commencent à apparaître. Vous pouvez sûrement pas voir les frontières entre chaque écaille, c'est trop petit. D'abord violettes, il y a ensuite un joli dégradé sur une petite surface avant qu'elles ne deviennent bleues puis vertes, avec le bout qui devient d'une couleur un peu plus vive. D'ailleurs, ma queue doit correspondre à un cinquième de mon corps...

Hm, j'ai oublié ma tête tiens. Mes cheveux aussi sont d'abord rose-violet avant de faire un petit dégradé où les pointes deviennent bleues finalement. Ils sont presque toujours attachés en haut de mon crâne avec des tiges de plantes robustes. On peut aussi dire que j'ai quelques bijoux accrochés aux poignets et une sorte de collier que je n'arrive pas à enlever... et tout ça, ce sont des cadeaux de maman. Donc interdiction de m'en séparer, en fait. Pourquoi je voulais les enlever alors ? Oh, je sais plus...

Heu, hé bien, je suis toute gentille ! J'agresse personne mis à part mes repas, j'accepte toute compagnie, surtout celle des fleurs : ce sont mes copines, et quiconque les touche recevra mes foudres ! Je passe mon temps à leur parler et faire la conversation toute seule, du coup. C'est dommage, je peux pas leur donner la parole. Ce serait tellement plus fun d'avoir des gens à qui parler. Quoi, la solitude me pèse ? Mais c'est pas vrai ! J'aime bien vivre toute seule, avec les fleurs et les insectes et les fruits et, et... Non, bon ok, j'avoue, je me sens seule et j'aime pas ça. C'est triste de vivre ainsi.

Mais bon, ne nous arrêtons pas là. Quand je parle, je suis directe, je pèse pas mes mots. En plus de ça, je passe mon temps à crier. Et, comment dire. J'ai une voix très aiguë qu'il peut être désagréable d'entendre. Surtout si je me pose sur l'épaule de la personne. Ouh, ça va faire mal à ses tympans. Le problème c'est que je m'en rends pas compte, enfin c'est surtout que je croise que très peu d'humains dans mon petit rayon d'habitation. Ah, aussi, je fais des infidélités aux fleurs. J'ai tendance à changer tous les soirs, pour qu'elles soient toutes contentes. En vrai, j'ai pas grand chose à dire... à part que ma maman me manque. Mais bon, c'est la vie. J'attends mon prince du coup. Un être aussi petit que moi pour perpétuer la race. C'est vrai qu'on est peu nombreux...

Hm, sinon, que dire d'autre... Je suis rapidement embêtée par ce que l'on me dit. Si l'on cherche à m'embêter, je vais partir au quart de tour en pensant que c'est vrai et je vais vouloir gentiment taper la personne. Malheureusement, ça risque de pas avoir d'effet. Sinon, je lui plante un javelot dans le bras ! Nah !

Toute mon histoire se passe dans le champ des fleurs échos. C'est là que mon œuf s'est cassé et que je suis née. Dès notre naissance, nous devons plus ou moins nous débrouiller. J'ai quand même eu la chance de connaître ma maman. On passait tout notre temps ensemble, entre les fleurs dans ce joli champ. C'était d'ailleurs bizarre, il n'y avait pas mon papa. Et maman n'a jamais voulu m'en parler, du coup je ne peux pas vous dire qui il est ni ce qu'il s'est passé.

Ma vie a été un long fleuve tranquille pendant une longue période, à toujours rester avec maman. Mais au fur et à mesure du temps, ça se voyait que quelque chose lui manquait. Elle perdait de sa bonne humeur et semblait triste, parfois. Peut-être que papa lui manquait ? Ou qu'il ne reviendrait pas ? Elle m'en voulait quand je lui demandais, alors j'ai arrêté d'essayer de savoir, même si j'aimerai toujours... Un beau jour, elle allait partir. Je le savais. Soit se laisser mourir, soit quitter cet endroit. Je l'ai redouté longtemps sans vouloir qu'il arrive. Mais je me faisais une raison : elle serait sûrement plus heureuse ailleurs. Alors que moi, je m'épanouis telle une fleur ici.

Puis un beau jour, un lamia mâle est arrivé dans notre champ. Elle a retrouvé son sourire et sa bonne humeur, ma maman. Moi, j'observais de loin, mais la solitude se faisait plus importante à chaque fois. Elle lui faisait la cour tout le temps. Elle avait besoin d'être aimée ou tout simplement d'aimer... un mâle. Voilà ce qu'il lui manquait. Et elle l'a trouvé. C'était pas mon papa, je le savais. Elle ne le connaissait pas. Je les observais parfois, ils faisaient des choses étranges qu'ils semblaient apprécier... Autant dire que ça m'émoustillait un peu aussi, mais je ne vais pas détailler ça, c'est trop gênant.

Puis au fur et à mesure, je la voyais moins souvent. Jusqu'au jour où elle est venue me voir pour me dire qu'elle allait quitter le champ pour le suivre dans son voyage. Et je me suis retrouvée seule. Je ne sais pas quand ils sont partis, je ne connais pas les dates. Je sais juste que ça fait très longtemps. Que je me sens seule. Et que si un jour quelqu'un vient, il va me croire folle à parler aux petites fleurs qui, elles, ne me quittent pas. Aah, que cette vie est triste. Venez donc l'agrémenter un peu, je vous atteeends ! Waaay !